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L’expertise de Dirk van Leeuwen, directeur général de Woonoz

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Grâce à son système d’ancrage mémoriel®, la startup lyonnaise Woonoz est devenue un des principaux acteurs de l’Adaptive Learning. Noobelearning a eu la chance de poser quelques questions à son directeur général, Dirk van Leeuwen.

Quelle est l’histoire de Woonoz ?

Woonoz est une entreprise qui a douze ans, puisqu’elle a été créée en 2005 par Pascal Hostachy, François Paret. Fabrice Cohen les a rejoints un tout petit peu plus tard. Quant à moi, j’ai intégré l’entreprise en mai dernier en tant que directeur général.

L’idée vient de Pascal et de François qui travaillaient tous les deux dans un laboratoire de recherche en intelligence artificielle. Voulant rajouter une corde à son arc, Pascal qui vient d’une famille dans l’enseignement, a voulu faire un DEUG de lettres modernes. Qui dit lettres dit latin, et notamment fiches de vocabulaire et de déclinaisons qui ne sont pas forcément faciles à mémoriser. Il s’est donc demandé si avec l’intelligence artificielle, on ne pouvait pas faire en sorte de faciliter la mémorisation. De là est partie l’idée d’un moteur d’ancrage mémoriel®. Avec François, ils ont commencé à développer une technologie sur la base de recherches en sciences cognitives et d’y associer un moteur d’intelligence artificielle qui permet de s’entraîner de la manière la plus efficace possible. C’est en effet la proposition de valeur de Woonoz : apprendre quelque chose, accélérer l’apprentissage, et inscrire durablement le processus de mémorisation, à court, moyen et long terme.

Ils ont bâti ce moteur d’intelligence artificielle avec au départ une stratégie de B2C. C’est d’ailleurs après une mission de conseil faite pour eux que Fabrice Cohen a rejoint l’aventure en les avertissant qu’il fallait plutôt s’orienter vers le B2B. C’est donc vers le monde de l’entreprise et notamment des laboratoires pharmaceutiques qu’ils se sont tournés.

Ce n’est que trois ans plus tard qu’est venue l’idée du Projet Voltaire qui est une application spécifique du moteur d’ancrage mémoriel® sur les sujets particuliers que sont l’orthographe et la grammaire française. Ce projet est parti comme une fusée avec aujourd’hui 4 millions et demi d’utilisateurs. Il est un des exemples de la technologie Woonoz qui par ailleurs se décline aussi dans quantité de formations différentes à destination des entreprises, que ce soit des formations pour commerciaux, techniciens, etc.

L’ancrage mémoriel® est donc à mi-chemin entre l’adaptive learning et le neurolearning ?

Oui, absolument, c’est une forme d’adaptive learning et de neurolearning. En effet, les recherches en neurolearning permettent d’identifier comment fonctionne le cerveau, et en particulier comment il fonctionne pour mémoriser. Sur la base de ces recherches, nous avons associé un moteur d’ancrage (c’est là qu’intervient l’intelligence artificielle) pour déterminer votre façon d’apprendre, et c’est en ça que c’est adaptif puisque le moteur va identifier très vite votre niveau de connaissances ainsi que beaucoup d’autres paramètres sur votre façon d’apprendre. Il vous propose ensuite, en temps réel, un apprentissage totalement individualisé qui vous permet de progresser plus vite et surtout, par la répétition intelligente d’exercices, d’ancrer durablement les savoirs et les réflexes.

Travaillant dans un laboratoire de recherche sur l’intelligence artificielle, ils avaient donc une certaine forme d’expérience, mais ont-ils rencontré des difficultés dans la mise en place du processus ?

La principale difficulté, d’une certaine façon, était leur avance sur leur temps. Aujourd’hui tout le monde parle d’I.A. mais il y a douze ans, ce n’était pas le cas. Le monde du eLearning a démarré par la mise en ligne de contenus, de savoirs, et tout le monde s’est enthousiasmé, pensant que c’était alors la panacée du monde de la formation et de l’enseignement, sauf que non. Pourquoi ? Parce que certes on rend disponibles à un coût moindre quantité d’informations, ce qui est déjà une très bonne chose, mais il reste encore à faire car disponibilité d’informations ne signifie pas apprentissage. C’est pour ça que beaucoup de solutions d’eLearning n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Par exemple, les serious game, qui représentent un investissement considérable mais où l’accent n’est pas suffisamment mis sur l’apprentissage. Les MOOC, quant à eux, peuvent présenter un faible taux d’engagement et on revient finalement à la raison pour laquelle Woonoz se focalise sur la mémoire. Le contenu et la compréhension du contenu sont bien évidemment des éléments importants, mais ce qui compte par-dessus tout, c’est la mémorisation. C’est pourquoi Woonoz a aujourd’hui, depuis trois ans, une oreille extrêmement attentive de la part du monde de l’éducation et de la formation.

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Je reviens sur le Projet Voltaire qui, comme vous l’avez dit, a décollé comme une fusée. S’il a rencontré un tel succès, c’est que, j’imagine, il existait des lacunes évidentes en orthographe dans les sociétés ?

Oui, complètement. Si vous trouvez des fautes d’orthographe dans des publicités, vous n’avez pas envie d’acheter. Une étude sur les sites d’e-commerce a montré qu’une mauvaise orthographe divisait par deux les ventes en ligne, ce qui est très significatif. C’est également dommageable pour l’image de marque. En ce qui concerne les recrutements, il s’avère que 82 % des recruteurs sont sensibles au niveau d’orthographe des candidats. Le laboratoire de l’université de Toulon a démontré que statistiquement, des fautes d’orthographe dans un CV divisent par trois vos chances d’être retenu(e). Les recruteurs aujourd’hui vont chercher des traces des candidats sur les réseaux sociaux et sur les blogs. Pour 70 % de ces recruteurs, des fautes d’orthographe vont susciter une mauvaise opinion.

Le constat est un peu différent pour le monde de l’enseignement. L’orthographe s’acquiert au primaire et en début de collège. Après, elle est normalement considérée comme acquise. Sauf qu’en école de commerce ou en école d’ingénieurs, on s’est rendu compte que tout le monde ne maîtrisait pas l’écrit et que c’était préjudiciable sur le marché de l’emploi. Il y avait donc une demande assez forte pour le Projet Voltaire.

Vous vous inscrivez également dans une logique mobile learning, puisqu’il existe une application du Projet Voltaire. Y a-t-il un profil type de l’utilisateur ? Y a-t-il autant d’étudiants que de professionnels qui l’utilisent ?

C’est une bonne question, nous avons environ 50 % d’utilisateurs dans le monde scolaire et universitaire et 50% dans le monde des entreprises. La demande est assez bien répartie, le monde de l’enseignement y voit une solution très efficace pour améliorer les écrits des élèves et étudiants, tandis que dans le monde de l’entreprise, la qualité des écrits constitue un vecteur fort de persuasion et d’image de la marque.

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